Alfred Rosenberg - Le mythe du XXe siècle

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Alfred Rosenberg
Le mythe du XXe siècle

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Préface
Pénétrer au cœur d'un auteur est souvent faire preuve de témérité. C'est vouloir déflorer une part de mystère, tout en aspirant à rendre le plus fidèlement une pensée riche et fondamentale. Aborder un mythe est davantage qu'un voyage initiatique. Le mythe n'a pas de réalité, il n'existe que si on lui prête vie. Le poète n'a-t-il pas dit qu'un pays qui n'aurait pas de légendes serait condamné à mourir de froid, celui qui n'aurait plus de mythes serait déjà mort. Le mythe ne renaît pas. II meurt avec son dernier représentant. L'ouvrage d'Alfred Rosenberg est un mythe à plus d'un titre : mythe de l'Europe de la volonté de puissance, mythe de la tradition aryenne, mythe du titre, mythe de... la traduction. Si Le mythe du XX` siècle est une somme, il devait incarner le principe fondamental de l'idée de peuple naissante, la rencontre de l'élite et des forces actives, réconciliation des trois fonctions dans une même vision du monde. Ainsi le livre est l'aboutissement de quinze années de recherche, de combat, d'enseignement. Il devait être l'instrument d'une émancipation populaire des dogmes christiano-centralistes, l'espoir du « Sol invictus » s'incarnant dans le drapeau.

Pénétrer au coeur de la pensée de Rosenberg est, à la fois, davantage et bien moins qu'un périple initiatique. Davantage, car au-delà de la gangue de l'ignorance, au-delà du carcan des dogmes judéo-chrétiens, il nous plonge dans notre passé, c'est-à-dire notre avenir. Et bien moins, car le mythe devrait être une vision. Un ouvrage n'est qu'une compilation d'idées. Or l'idée se transforme, s'interprète. Quel est le mythe ? Celui de la race, de l'Europe, de l'honneur, du retour des dieux ? Peut-être l'ouvrage de Rosenberg lui-même ?

Devait-on éditer le Mythe dans sa version française en 1986 ? Cinquante ans après sa première édition, quarante après la disparition de son auteur ? Rosenberg est-il passible de crimes contre l'humanité, pour qu'il n'y ait pas de prescription ? On objectera qu'une telle traduction réveillera inutilement les vieux fantômes enfouis, les souvenirs tragiques. Le problème n'est pas récent. A partir de quels critères jugera-t-on un auteur ? Pas de libertés pour les ennemis de la liberté ? Mais quelles libertés ? La liberté de conscience, de choix, n'est-elle pas un droit fondamental ? Les francophones n'ont-ils pas le droit de connaître la teneur de la pensée de Rosenberg ? Les censeurs ont-ils une si piètre opinion du public qu'ils le croient influençable à merci ? Des voix s'élèveront, dénonçant la misogynie, le racisme ou l'antisémitisme de l'auteur. Mais ces critiques ne résistent pas à l'examen. Rosenberg ne veut pas détruire, il bâtit. L'accuser de telles intentions, c'est ramener le spirituel au niveau du temporel, c'est assimiler une croisade à une rixe de cour de récréation. Pour ceux-là, la bible juive ne peut être alors que le récit d'horreurs, de trahisons, d'infidélités, de sauvageries, de parjures, de haines...

Rosenberg publia son ouvrage en 1930 ; les attaques fusèrent : des jésuites, des professeurs d'université... En vain, l'ouvrage fut tiré à plus d'un million d'exemplaires. Et pourtant, Rosenberg fut rejeté de ses fonctions de premier plan. On ne peut confondre les idées de Rosenberg et le national-socialisme. Si Rosenberg et son maître Dietrich Eckhart se sont trouvés à l'origine du national-socialisme, c'est qu'ils ont suivi une certaine orientation de la « Thule Gesellschaft ». Une fois au pouvoir, Adolf Hitler écarta ceux qui l'avaient fait chancelier et, par la suite, ne se priva jamais de critiquer les travaux ésotériques de son ministre des territoires de l'est (ou d'Heinrich Himmler). Lorsque l'opération Barbarossa fut envisagée, l'écrivain balte tenta de dissuader les responsables d'engager cette opération. Rosenberg est visiblement en retrait à partir du 30 janvier 1933. L'Europe a mal. Schizophrène, elle ne se sent plus Occident, encore moins, Orient, simplement Europe. Elle ne sait plus se situer, victime de ses complexes : de supériorité, de puissance, de colonialisme... L'alliance en Rosenberg des principes d'est et d'ouest le désignait pour conduire l'Europe vers son destin. Balte, d'origine germanique, il fit ses études à Moscou, avant de devenir ministre allemand, quel meilleur exemple pour réveiller l'Europe ? Car au-delà du pangermanisme, c'est d'elle qu'il s'agit, le vieux continent et son héritage si riche. Et au-delà, on aperçoit la tradition, la communauté indo-européenne. Tenterait-on de rapprocher Alfred Rosenberg de Roman Fedorovitch Ungern von Sternberg, dernier général à combattre en Sibérie en 1922 ? Tous deux venaient des pays baltes, tous deux avaient ce même rêve de grandeur dans l'honneur. Ils avaient compris l'alliance nécessaire de l'est et de l'ouest. Ils sont morts trahis, maudits, oubliés.