Eugène Fayolle - Est-ce que je deviens antisémite ?

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Eugène Fayolle
Est-ce que je deviens antisémite ?


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Cet ouvrage nous est parvenu anonymement, et son auteur, après s’être fait connaître, nous a priés de respecter son anonymat.
Ce n’est pas qu’il craigne, si cet essai suscite quelques réactions, d’avoir à prendre ses responsabilités et de répondre, visage découvert, à ses contradicteurs, mais il tient beaucoup à ce que sa volonté d’objectivité ne soit suspectée par personne.
N’étant ni homme de lettres, ni homme politique, il souhaite vivement que sa thèse et ses arguments soient jugés et, s’il y a lieu, discutés sans fièvre, en dehors de toute considération étrangère à son dessein. Voilà pourquoi il s’est refusé à jeter le poids de son nom dans le débat.
L’auteur n’affiche pas la prétention de résoudre la question de l’antisémitisme traitée avec pertinence, environ tous les dix ans, par les esprits les plus qualifiés et les plus divers. Il étudie seulement, dans ses origines et ses conséquences, le malaise, purement circonstanciel qui, depuis juin 1936, a réveillé, de‑ci de‑là, cette vieille querelle.
Dreyfusard passionné, comptant de nombreuses amitiés et sympathies juives, homme de raison et de sang‑froid se refusant à croire à la possibilité d’une renaissance d’un mouvement antisémite en France, il a eu la surprise, à l’avènement du premier gouvernement de Front Populaire, de sentir naître en lui une sourde irritation qui l’a insensiblement poussé à modifier son point de vue. Et il a pu constater que son cas était loin d’être isolé. Cette confession scrupuleuse présente ainsi, en marge de son objet, une réelle valeur documentaire. Elle précise et définit la forte responsabilité de M. Léon Blum dans la genèse de cette évolution. Petite cause, grands effets ! La simple façon dont l’ancien Président du Conseil, dans un mouvement d’orgueil au moins maladroit, qui semblait avoir la puérilité d’un défi à l’adresse de l’Allemagne hitlérienne, composa son ministère et son cabinet, a tout naturellement contribué à la formation de ces remous. Beaucoup de Français de religion juive furent d’ailleurs les premiers à déplorer chez un chef de gouvernement une telle attitude, dont ils prévoyaient trop bien que la moindre conséquence serait, à la faveur de la politique, de ranimer les vieilles passions et de rendre pour un temps quelque crédit à l’argumentation et aux griefs des antisémites.
Dans cette savante analyse d’un état d’esprit qu’il ne nous appartient pas de juger, on trouvera donc la peinture d’un curieux moment psychologique de notre histoire contemporaine, susceptible d’inspirer aux uns et aux autres de sages et apaisantes réflexions.

Les Éditeurs.